Ventre, nom idéal pour cette musique rêveuse bousculée au taser : elle s’écoute principalement avec les tripes, qu’elle se charge de violenter avec une douceur particulièrement sadique. Pas du shoegaze, non : le groupe lève au contraire la tête, se crame les rétines au soleil, sourit béatement aux nuages. Qui le leur rendent bien : tout en vapeur, en mélodies immatérielles, Undressed Morning offre, avec ses Belly ou Big Clouds, une nouvelle bonne raison de s’égarer hagard dans le catalogue des Alsaciens de Herzfeld.

C’est que depuis réception de Undressed Morning, pas une journée sans ressentir le besoin maladif d’à nouveau partir s’abreuver de ces Tide, Big Clouds ou Cliff que nous tenons en très haute estime. Une accoutumance qui tient d’abord à la voix cinématographique et planante de Laure Nantois (qui n’est pas sans évoquer celle de Kazu Makino), et puis tout de même à des compositions qui savent parfaitement marier le paisible et l’inquiétante étrangeté, le faux calme et la soudaine irruption volcanique.